L’époque exacte à laquelle fut créé le premier Ryū de Hojōjutsu n’est pas connue. De vieux documents illustrant des scènes du début du 14ème siècle décrivent quelquefois son utilisation, mais ces documents eux-mêmes ne datent que de la période d’Edo (1603-1868). Certainement, l’importance des otages dans les événements politiques et militaires de ces temps reculés peut avoir fait du Hojōjutsu un art essentiel pour tout guerrier. De nombreux Bushi avaient inclus dans les éléments de leur armure une longueur de corde dont ils s’entouraient la taille, renforçant ainsi la couche protectrice contre les nombreux coups de sabre portés à cet endroit vulnérable. De plus, cette longueur de corde devenait très pratique lorsqu’il fallait escalader des obstacles, attacher les chevaux, faire des garrots, construire des abris, et, enfin et surtout, lors de la capture d’un ennemi de valeur.
Plus philosophiquement, le fait d’être assez habile pour capturer un ennemi vivant était jugé essentiel. Cela représentait un contrôle de soi remarquable. Cela reflétait également le pouvoir de transformer Satsujinken (le sabre qui prend la vie) en Katsujinken (le sabre qui préserve la vie).
Près de 125 Ryū de l’ère de Tokugawa ont inclus la pratique du Hojōjutsu dans leur curriculum. Take no Uchi Ryū semble avoir été un des pionniers dans la codification d’un système de ligature. Cependant, certaines références littéraires faisant allusion à cet art remontent bien plus loin dans l’histoire. Plus proche de nous, les deux maîtres de Hojō-jutsu les plus connus sont Takemoto Kichidayū de Hōen Ryū, et Shiraishi Hanjirō de Ittatsu Ryū.
Ittatsu Ryū fut fondé par Matsuzaki Kinzaemon, de la lignée de Shindō Musō Ryū, disciple de Musō Gonnosuke. On peut donc dire que ce style est très ancien et que son association avec le Jōjutsu l’est tout autant.
La longueur de la corde utilisée par Ittatsu Ryū est de 5 m. Son diamètre est de 3,5 mm. Le Hojōjutsu n’est pas seulement l’art de ligoter un individu de n’importe quelle manière, aussi efficace soit-elle. Alors que les structures d’un système social figé mis en place par les Tokugawa devenaient de plus en plus rigides, la manière de ligoter un prisonnier faisait l’objet d’une attention toute particulière. La méthode variait selon que la personne liée était du sexe masculin ou féminin. Un guerrier n’était pas restreint de la même manière qu’un homme du peuple, ni un moine bouddhiste comme un prêtre Shintō.
Ittatsu Ryū propose 25 méthodes de ligature, chacune correspondant à un but spécifique, ou au grade du prisonnier. Une ligature inappropriée était déshonorante non seulement pour le prisonnier mais aussi pour celui qui l’avait faite. Certaines formes de ligature extrêmement compliquées pouvaient même être qualifiées d’artistiques.
La corde était généralement enroulée avec soin et gardée à l’intérieur du kimono, dans un endroit d’accès facile. Le Hojōjutsu était utilisé après avoir rendu la personne visée semi-consciente ou dans l’incapacité de poursuivre le combat. Dans l’entraînement de Ittatsu Ryū, la ligature est appliquée sur un adversaire armé d’un sabre après l’avoir maîtrisé avec un Jutte. Aussi, le Hojōjutsu est-il intimement lié avec le Juttejutsu de Ikkaku Ryū mentionné précédemment. L’entraînement ne requérait pas nécessairement un adversaire. En effet, l’officier de police de cette époque, même seul, avait la possibilité de pratiquer ses ligatures sur un mannequin ingénieusement confectionné à cet effet par de nombreuses traditions de Hojōjutsu.
Dans le Japon moderne, les policiers utilisent encore le Hojōjutsu. Le port d’une corde par tout policier fut ratifié en 1875. Cette loi de l’époque de Meiji requérait que les policiers portent un uniforme et une casquette, un bâton, une corde, un carnet et un sifflet. Cette loi fut amendée en 1950 pour y inclure le port des menottes. Depuis, ces dernières ont largement remplacé la corde pour les arrestations communes. Dans certains cas, toutefois, la corde est encore utilisée en combinaison avec les menottes, pour lier, par exemple, les chevilles d’un prisonnier trop remuant ou pour emmener le captif.
Le Hojōjutsu utilisé par la police moderne est principalement adapté aux techniques de Ittatsu Ryū car Me Shimizu, Shihan du Ryū, était instructeur de police à l’époque où cet art y fut intégré.
Kaminoda Tsunemori Sensei & M° Shimizu Takaji
Extraits du Zukai Hojōjutsu de Fujita Seiko
Ittatsu Ryū Hojōjutsu décline l'art de la ligature dans deux domaines complémentaires, Hayanawa, la corde "rapide" utilisée pour la capture ou l'arrestation, et Honnawa, la corde "maîtresse", utilisée pour le transport ou la présentation d'un prisonnier devant les autorités ou devant le public.
Pour Hayanawa, la corde utilisée est en chanvre ou en coton et elle mesure environ 5 mètres de long - en pratique celà correspond à 3 fois l'écartement entre ses deux bras tendus. Le diamètre de la corde est de 2,5 à 3,5 mm.
Le type de ligature de chacun des 4 Kata de Hayanawa peut convenir pour toute catégorie de prisonnier.
Pour Honnawa, la corde utilisée est en chanvre ou en coton et elle mesure de 9 à 20 mètres - la longueur recommandée est précisée pour chacun des Kata. Le diamètre de la corde est de 4,5 à 5,5 mm.
Dans Honnawa, pour le choix du type de ligature, il est tenu compte précisément de la catégorie du prisonnier, genre, statut social, profession, etc.
Concernant la couleur de la corde, il n'y a pas d'information spécifique connue dans Ittatsu Ryū.
Les quatre règles pour la pratique du Hojōjutsu - Kunrei - sont Efficacité, Secret, Sécurité et Beauté.
Dans le cadre de Sei Ryū Kai Europe, l'enseignement et la pratique du Hojōjutsu concernent en priorité la tradition martiale Ittatsu Ryū Hojōjutsu, soit dans un premier temps et dans l'ordre, les 4 Kata de Hayanawa, puis les 21 Kata de Honnawa.
La tradition Ittatsu Ryū Hojōjutsu étant très liée aux forces de police, il a été ajouté quelques-unes des méthodes servant à menotter, présentées comme des techniques générales par Fujita Seiko et Kaminoda Tsunemori dans leurs documentations.
De plus, il a été introduit par Michael Söderkvist Sensei, plusieurs Kihon, permettant d'apprivoiser les noeuds de base et les principales boucles ou attaches utilisés dans les Kata de Ittatsu Ryū Hojōjutsu.
Michael Söderkvist Sensei et Itatsu Kazuhiko Sensei au Dōjō à Tokyo, le 5/11/2019
Ittatsu Ryū Hojōjutsu comprend 4 Kata pour Hayanawa et 21 Kata pour Honnawa.
longueur de corde
recommandée
9 m
9 m
9 m
11 m
13 m
9 m
13 m
9 m
13 m
13 m
9 m
16 m
13 m
13 m
20 m
13 m
13 m
16 m
16 m
16 m
9 m
5. Ishi
6. Jumonji sono ichi
7. Hitoebishi
8. Jumonji sono ni
9. Futaebishi
10. Shin no Hagaizuke sono ichi
11. Bajo Hagaizuke
12. Kikko
13. Yahazu
14. Kagero/Tonbo
15. Agemaki
16. Sumichigai
17. Shin no Futaebishi
18. Shin no Hagaizuke sono ni
19. Shin no Kagero/Tonbo
20. Shin no Kikko
21. Munewari hitoebishi
22. Happogarami
23. Yagurabishi sono ichi
24. Yagurabishi sono ni
25. Kirinawa
Extraits du livre intitulé "Zukai Hojōjutsu" de Fujita Seiko